16 octobre 2016

Un point sur l'activité des volcans Kilauea et Colima

Kilauea, Etats-Unis, 1222 m

Depuis mon post précédent, il n'y a pas eu de modifications fondamentales de l'activité: l'éruption se manifeste toujours sous la forme de deux lacs de lave, un au sommet l'autre au Pu'u O'o, et par l'effusion qui court depuis la base du versant est-nord-est du Pu'u O'o jusqu'à l'océan Pacifique, et continue d'agrandir le champ de lave "61G".

Au sommet (caldera d'Halema'uma'u), le niveau du lac de lave ne cesse de varier mais reste globalement haut, à tel point qu'hier il a même pu déborder brièvement à deux endroits sur le plancher de la caldera: c'est la seconde fois seulement depuis qu'il est apparu en 2008, la première était en avril 2015. Nous verrons jusqu'à quel point il va déborder dans les heures ou jours qui viendront, mais nul doute que le spectacle doit être magnifique depuis le Jaggar Museum.

Le lac de lave sommital déborde à deux endroits sur le plancher de la caldera d'Halema'uma'u, le 15 oct(obre. Image: HVO/USGS
A 20 km de là, sur le versant sud-est du Kilauea, une partie du magma drainé latéralement depuis le sommet par un immense réseau de fractures, appelée Rift-Zone Est, sort au niveau du Pu'u O'o à deux endroits:
- le lac de lave qui occupe le bord ouest du cratère du Pu'u O'o,
- au pied du versant est-nord-est du Pu'u O'o, d'où la lave émerge pour courir ensuite dans un immense réseau de tunnels jusqu'au Pacifique, où le point de contact se fait toujours à Kamokuna.

Peu de changements au niveau de ces deux sites. Concrètement pour le lac de lave il est difficile de savoir car il n'y a que très peu d'observations directes et pas une webcam ne permet de l'observer directement. Toutefois les quelques images de lui vues dans diverses vidéos ne semblent pas montrer de modifications particulières.

Sur le champ de lave 61G, pas de gros changements non plus, si ce n'est que depuis fin septembre (date précise non connue) le delta de lave le plus à l'ouest n'est plus actif. Il n'en reste donc plus qu'un seul alimenté, qui continue de s'étendre et, au 06 octobre, sa surface avoisinait les 180 000 m² (estimation personnelle, à partir des données du satellite LANDSAT 8). Fin septembre sa surface était couverte d'importantes fractures, parallèles à la côte, signes de sa fragilité. Des morceaux plus ou moins importants peuvent donc s'effondrer en mer à tout moment, ce qui n'empêche pas les touristes de s'approcher à quelques dizaines de mètres seulement des flots de lave qui s'écoulent en mer. Chaque bulletin rédigé par les volcanologues de l'HVO rappelle les consignes de sécurité à respecter.
Entre le Pu'u O'o et l'entrée de la lave dans les eaux du Pacifique, les tunnels se sont effondrés à quelques rares endroit, permettant de voir le flot de lave descendre à gros débit. Cette activité (hors Halma'uma'u) est bien visible sur la vidéo ci-dessous, très belle, comme d'habitude.


October 13, 2016 Lava Makes Clouds from Mick Kalber on Vimeo.

Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopter

Colima, Mexique, 3850m

L'activité reste mixte pour le moment avec:
- une très lente progression de la coulée visqueuse, essentiellement visible en raison des petites avalanches de blocs incandescents qui s'y produisent
- quelques explosions généralement modérées

Des étudiants en volcanologie de l'Université de Colima ont pu récemment accéder à la coulée, suffisamment près pour en collecter des échantillons: peut-être que les résultats d'analyses seront bientôt disponibles et dirons quelles sont les particularités de la lave qui a produit cette crise aussi soudaine et intense. Il sera intéressant de voir notamment si elle contient autant d'eau que celle qui a produit la crise de 2015, et quelles sont leurs points communs et leurs différences.

Le front de la coulée active, début octobre. Image: auteur inconnu/Université de Colima
La photo ci-dessus montre que la surface de la coulée est de type "à blocs", ce qui est normal pour une lave de viscosité plutôt élevée. En outre, elle semble montrer que la coulée mesure une dizaine de mètres de hauteur ce qui est, là encore, normal pour une coulée de lave visqueuse.

La situation parait, pour le moment, plutôt stable.

Source: Université de Colima

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